Les pièges de la collaboration rapide

Lorsque nous collaborons, nos gènes et notre culture nous poussent à privilégier l'immédiateté et les interactions rapides.

Nous accordons la priorité aux contributions des extravertis et négligeons celles des introvertis, qui réfléchissent plus longuement avant de s'exprimer. Nous pensons rapidement plutôt que lentement. L'intuition prime sur le jugement. Nous privilégions la spontanéité plutôt que la réflexion calme et structurée. Dans son livre "Réfléchir vite et lentement", Daniel Kahneman explore les compromis complexes entre la pensée lente et rapide. Lorsqu'il s'agit d'agir et donc de penser de manière collaborative, les mêmes problèmes apparaissent, de manière encore plus intense ; différentes personnes, en fonction de facteurs tels que leurs compétences, leur personnalité et / ou leur statut social dans le groupe, pensent et contribuent à des vitesses différentes, les plus rapides ayant un avantage social sur les autres, excluant de facto ou dominant les introvertis et les penseurs calmes.

Les échanges collaboratifs sont souvent trop rapides pour marquer une pause et prendre du recul. Parfois, nous payons le prix fort pour ce manque de collaboration lente, en manquant des opportunités ou même en commettant des erreurs que nous regrettons profondément par la suite.

Mais inversement, si les processus prennent une éternité, alors que les problèmes à résoudre sont simples, nous pouvons également perdre un temps et une énergie considérables. Il est donc important de trouver le bon équilibre. Cet équilibre nécessite cependant une discipline collective qui peut être difficile à mettre en place sans les outils appropriés qui guident le processus.

De plus, le bon équilibre est souvent le résultat de l'expérience... qui vit et meurt avec les personnes qui la détiennent. Sans outils, il est difficile de la transmettre. La collaboration rapide et lente se complètent mutuellement... lorsqu'elles sont bien combinées. Un mauvais mélange les rend toutes deux moins efficaces.

Mélanger collaboration lente et rapide

Pour faire progresser nos pratiques de collaboration actuelles, nous devons combiner le meilleur de la collaboration rapide et lente de manière efficace.

Les symFlos fourniront la structure et la rigueur nécessaires pour avancer lentement lorsque cela est nécessaire, et rapidement lorsque cela est possible. Des modèles appropriés de symFlo permettront de créer des schémas qui reflètent l'expérience de la durée à allouer, quand et où, quelles phases nécessitent une réflexion lente et lesquelles nécessitent de la spontanéité. En faisant du temps une caractéristique explicite des symFlos, il devient possible de varier les rythmes de collaboration au sein des symFlos.

De plus, en fournissant des modèles de symFlo bien adaptés et préconfigurés, il devient possible de combiner une interaction synchrone rapide - telle que des réunions en personne ou des discussions en ligne - avec des interactions asynchrones à rythme lent, où les participants peuvent avancer à des vitesses différentes, en fonction de leurs capacités, de leur motivation et / ou de leur disponibilité.

En incluant des sous-symFlos d'invitation au début et des sous-symFlos de clôture à la fin, les participants sauront quand un symFlo commence et se termine, et pourront s'engager à contribuer selon le rythme exigé par les contraintes imposées sur le symFlo.

Cas d’usage : étudier à des rythmes différents

L'éducation, que ce soit à l'école, à l'université ou lors de formations professionnelles, est un exemple typique de flux de collaboration entre enseignants et élèves. Dès lors qu'il y a plusieurs élèves, un problème récurrent apparaît : les élèves progressent à des rythmes différents dans le processus d'apprentissage. Certains peuvent avoir besoin de plusieurs jours, voire de semaines, pour comprendre la théorie et / ou maîtriser la pratique, tandis que d'autres saisissent les concepts en quelques minutes à quelques heures. Aller trop vite peut entraîner la confusion, la frustration et finalement l'abandon pour certains élèves. Aller trop lentement peut conduire à l'ennui, à la perte de motivation et finalement à la déconnexion pour d'autres.

Un processus éducatif typique incluant la CAA pourrait combiner une collaboration rapide et lente :

• Partager des lectures et des explications de manière asynchrone au préalable.
• Fournir un accompagnement individuel à travers des symFlos de "questions-réponses approfondies" pour surmonter les problèmes de compréhension.
• Une fois que tous les élèves ont atteint un niveau de compréhension suffisant, organiser un événement en présentiel où les élèves peuvent réaliser de petits cas pratiques, discuter de problématiques complexes et apprendre à devenir des "enseignants" de ce qu'ils ont appris (par exemple, "former les formateurs").
• Évaluer progressivement les compétences tout au long du symFlo pour éviter de perdre les élèves en cours de route.